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Question de Mme Monique Lubin (Landes - SER) publiée le 04/04/2024

Question posée en séance publique le 03/04/2024

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Monique Lubin. Ma question s'adresse à Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités.

Madame la ministre, vous avez été interrogée à plusieurs reprises sur l'assurance chômage.

Pour ma part, j'ai une question simple. Assumez-vous le choix du gouvernement auquel vous appartenez de faire financer les déficits publics par les demandeurs d'emploi,...

M. Gabriel Attal, Premier ministre. Ce n'est pas du tout ce que nous faisons ! Cessez avec ça !

Mme Monique Lubin. ... par les personnes les plus en difficulté, par les salariés et, plus largement, si j'en crois les rumeurs, par les assurés sociaux, plutôt que par les hauts revenus et les dividendes, qui explosent ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.)

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Réponse du Ministère du travail, de la santé et des solidarités publiée le 04/04/2024

Réponse apportée en séance publique le 03/04/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail, de la santé et des solidarités.

Mme Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé et des solidarités. Madame la sénatrice Lubin, j'ai effectivement répondu à plusieurs reprises à cette question, mais je veux bien recommencer : je crois que nous avons deux visions totalement opposées.

Mme Audrey Linkenheld. C'est sûr !

Mme Catherine Vautrin, ministre. La vision de la majorité à laquelle j'appartiens consiste à lutter contre le chômage de masse. Le moins que l'on puisse dire est que les majorités que vous avez soutenues en d'autres temps n'avaient pas forcément la même approche...

Notre démarche se mesure aux résultats. Encore une fois, 2,7 millions de personnes ont retrouvé le chemin de l'emploi depuis 2017 !

M. Rachid Temal. Il n'y a plus de chômeurs ?

Mme Catherine Vautrin, ministre. Et pourquoi l'assurance chômage était-elle déficitaire ? Parce qu'il y avait tellement de demandeurs d'emploi que cela faisait moins de cotisations !

Aujourd'hui, nous avons plus de cotisations. Je répète que le produit de ces cotisations sert à financer la formation des demandeurs d'emploi.

Notre objectif est d'accompagner concrètement les personnes les plus éloignées de l'emploi. Nous avons un bon taux d'emploi, sauf peut-être chez les seniors, où il est de 45 %, et chez les jeunes.

Dans ces conditions, celles et ceux qui ont des difficultés pour trouver un emploi ont besoin que l'on travaille sur leur employabilité. Pas plus tard que ce matin, j'ai rencontré un demandeur d'emploi de 55 ans. (Rires ironiques sur les travées du groupe SER.)

M. Rachid Temal. Comme cela ? Par hasard ?...

M. Hussein Bourgi. Vous lui avez conseillé de traverser la rue ?...

Mme Catherine Vautrin, ministre. Riez autant que vous le voulez, mais moi, cela ne m'amuse pas, car ce sont les difficultés que vivent nos concitoyens ! Essayez de retrouver un travail à 55 ans ! Je ne sais pas combien parmi vous ont été au chômage...

La différence entre vous et nous, c'est que, nous, nous recherchons des solutions concrètes, tandis que, vous, vous êtes dans les postures ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP, ainsi que sur des travées du groupe RDSE. - Mme Françoise Gatel applaudit également. - Brouhaha sur les travées des groupes SER et GEST.)

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour la réplique.

Mme Monique Lubin. Madame la ministre, il me semble opportun de rappeler quelques chiffres : 6 millions de chômeurs sont inscrits à France Travail, dont 2,6 millions sont indemnisés, et la moitié travaillent tous les mois ; l'allocation moyenne est de 1 035 euros.

Nous sommes loin des nantis et des profiteurs dont nous entendons parler !

Mme Catherine Vautrin, ministre. C'est vous qui en parlez !

Mme Monique Lubin. Vous venez de citer les chômeurs de plus de 55 ans. Or j'ai cru comprendre que vous aviez aussi pour projet de réduire la durée d'indemnisation. Que restera-t-il alors aux chômeurs ?

Ils n'auront plus la possibilité de se donner du temps pour chercher un emploi qui soit rémunéré à la hauteur de ce qu'ils avaient auparavant et de même qualité. Ils n'auront plus le temps de se former et, éventuellement, de changer d'orientation. Ce sera la course effrénée à l'emploi, quels que soient sa qualité et le montant de ressources qu'ils en tireront pour leur famille.

Que leur restera-t-il après tous ces mois ? L'allocation de solidarité spécifique (ASS). Ah non, c'est vrai, vous l'aurez supprimée ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER.) Ils se tourneront alors vers le RSA, c'est-à-dire vers les départements, ces collectivités dispendieuses dont vous ne cessez de critiquer la gestion et que vous allez saigner à blanc.

C'est cela, madame la ministre, les choix politiques et le projet de vie pour les Français de ce gouvernement : tout contre les assurés sociaux, tout contre les salariés et tout contre les plus pauvres, au bénéfice de ceux qui gagnent le plus et à qui l'on ne demande rien ! Les salariés s'en souviendront ! (Vifs applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.)

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